Enseignement supérieur : La France mauvaise élève ?
Il y a 60% d’échec en première année de fac. Comment expliquer un tel chiffre ? L’orientation y est-elle pour quelque chose ?
Il faut faire attention aux chiffres “choc”, il s’agirait du taux d’échec ET d’abandon concernant l’ensemble de l’enseignement supérieur. Pour ce qui est de l’université, il faut tenir compte du profil de chaque étudiant, du bac obtenu, de la faculté choisie et de l’université elle-même. Il est vrai qu’à l’université, il y avait peu de sélection en 1ère année de fac jusque-là, et les élèves s'orientaient dans cette voie sans vraiment connaître le contenu des études, le type de pédagogie et ce qui leur serait demandé. Une des nouveautés de Parcoursup (qui remplace APB), c’est qu’il propose aux élèves de Terminale d’avoir une idée des “attendus” de chacune des sections. Un bachelier devra donc réunir certaines compétences pour pouvoir intégrer la filière universitaire qu’il aura choisi.
On compte environ un Psychologue EDO pour 1300 élèves au collège. En tant que Psychologue chargée de l’orientation, cela se ressent-il dans la qualité de votre travail ?
Dans le cadre de la modernisation des métiers de l’Education Nationale, un nouveau corps unique de Psychologue de l’Education Nationale est créé depuis la rentrée 2017. Nous ne sommes donc plus COPsy (Conseillers d’Orientation Psychologues) mais Psychologue de l'Education Nationale spécialité "éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle”. Nos missions évoluent et, même si nous contribuons avant tout à créer les conditions d’un équilibre psychologique des élèves, favorisant leur réussite, nous devons apporter une attention particulière aux élèves en difficulté, en situation de handicap, ou donnant des signes de souffrance psychologique. Nous participons également à la prévention et à la remédiation du décrochage scolaire. Les professeurs principaux ont donc désormais un rôle majeur à jouer dans l’accompagnement des élèves, surtout pour ce qui concerne les paliers d’orientation (3ème, terminale). D’ailleurs, il a été demandé cette année aux proviseurs de nommer un second Professeur Principal pour les classes de Terminales de lycée.
Quel genre de profils d’élèves recevez-vous le plus souvent ? Que viennent-ils chercher en général ?
Au Centre d’Information et d’Orientation (CIO) nous recevons tout public : des collégiens aux étudiants, des adultes en demande de reconversion, des salariés souhaitant une VAE (Validation d’Acquis d’Expérience)... Il est essentiel d'intégrer l'aspect psychologique dans l'orientation, on ne s'oriente jamais "par hasard", encore faut-il comprendre ses choix… Ou l'impossibilité à faire des choix. Certains élèves, et surtout les lycéens, imaginent qu'ils ressortiront de l’entretien avec un projet “clé en main”. Parfois très passifs dans l'orientation, ils attendent un avis extérieur, sans tenter la moindre réflexion, freinés par leur peur de l’avenir (lié parfois au contexte socio-économique). L'objectif, en collège et lycée, est de les accompagner tout en leur faisant prendre conscience que le choix doit venir d’eux. Un choix est souvent douloureux car il implique le deuil de tout ce que l'on ne fera pas.
Quelles sont vos principales missions auprès des élèves ?
Nous intervenons essentiellement auprès des élèves et des familles. Nous sommes aussi conseillers techniques auprès des chefs d’établissement et devons intégrer chaque nouvelle circulaire et permettre aux établissements de mettre en place des actions aux bénéfices des jeunes.
Nous informons toujours sur les procédures mais le rôle de psychologue est désormais prépondérant.
Finalement on a parfois le sentiment d'avoir toujours plus de missions. Notre travail a évolué mais nous devons continuer à faire ce que nous faisions auparavant, comme les interventions en classes, car les professeurs, à juste titre, ne se sentent pas légitimes lorsqu’ils parlent d’orientation avec leurs élèves.
Pour l’orientation des élèves de 3ème, nous travaillons avec un logiciel d’affectation appelé AFFELNET. L’IEN-IO (Inspecteur de l'Education Nationale, information et Orientation) pilote les procédures. Il peut aussi affecter des élèves sur places vacantes suite à la lecture de comptes-rendus de psychologues concernant des cas particuliers.
Il y a en tout quatre tours d'affectation : fin juin, puis, sur “places vacantes “début juillet, fin août et depuis cette année, une possibilité de changer d’affectation en novembre pour les élèves de bac pro qui ne se plaisent pas dans leur section.
L’orientation et ses failles
A noter :
Anciennement appelés “Conseillers d’Orientation Psychologues”, l’appellation a changé depuis la rentrée 2017 pour “Psychologue de l’Education Nationale EDO (Education Développement Orientation)”.
Hiérarchie des services d’information et d’orientation de l’Education Nationale (S.I.O.E.N.)
L’orientation en France présente de nombreuses lacunes. Un manque de conseillers, un mille-feuille administratif et un surplus d’informations sur internet… Autant d’éléments qui remettent en question ce système, pourtant régulièrement réformé. Sandrine Perthuis, Psychologue de l’Education Nationale EDO (Education Développement Orientation), nous donne quelques éléments de réponse.
Source : S.I.O.E.N.