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Le système des

bourses en cause

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​Prévues dans un besoin « républicain » de l'école pour tous, les bourses en France sont sources de nombreux dérèglements qui se répercutent directement sur l'enseignement. État des lieux de ce vaste problème touchant les étudiants et pas seulement.

Retards des paiements, dépendances et abus... Les bourses apportent chaque année leur lot de mauvaises surprises. Et cette année n'y déroge pas : le Crous a accusé pour beaucoup d'étudiants un délai de 3 mois dans le versement des bourses, comme c'est le cas quasiment chaque année. Alors forcément du côté des bénéficiaires, ça grogne. « Heureusement que mes parents m'aident un peu cette année sinon ce ne serait pas possible, révèle Emmanuelle, en 2e année d'histoire. Mais l'année dernière c'était pareil j'ai reçu le versement de septembre aux vacances de Noël...» Et elle n'est pas la seule dans ce cas. De plus, pour certains départements cette année, le site internet du Crous ne permettait pas de constituer son Dossier Social Étudiant, nécessaire à la demande de bourse. Cela contraignait donc les étudiants concernés à déposer leurs documents dans un bureau local, quitte à se soumettre aux horaires d'ouverture limités et aux longues files d'attente...

 

Le système de bourse a quand même permis l'an dernier à 38% des étudiants, soit 691 200 jeunes gens de financer, au moins partiellement, leurs études. Mais certains profitent de ce système, en s'inscrivant à l'université pour toucher les allocations sans assister aux cours. C'est ce que l'on appelle les « étudiants fantômes ». Très répandu en 1e année de fac, ce phénomène touche des milliers de jeunes. « On était en exams après Noël et j'ai découvert plein de nouvelles têtes dans ma classe !, s'étonne Thibaud, en physique-chimie. Ça me fait bizarre à chaque fois mais cette année c'était hallucinant ».

 

Pour lutter contre ces agissements, les universités ont décidé d'instaurer des listes de classes et d'imposer les professeurs à faire l'appel en début de cours, même en amphi. Mais cette solution « anti-absentéisme » ne séduit pas forcément les professeurs : « L'université, c'est la capacité à être autonome, explique Anne-Marie Granet, enseignante-chercheuse à l'université de Grenoble. Et je trouve que l'université, ça devient le lycée ». La maître de conférences soulève aussi l'importance de la baisse de la concentration des élèves et le changement extrême de mentalité. Un problème de fond pour l'éducation française qui relève peut-être plus de la pédagogie familiale que d'un apprentissage scolaire.

Retrouvez ci-dessous l'interview fleuve d'Anne-Marie Granet, enseignante-chercheuse à l'université de Grenoble depuis plus de 20 ans. Cette spécialiste d'histoire contemporaine évoque les nombreuses difficultés touchant l'enseignement supérieur en France et l'évolution de l'université et des étudiants depuis les années 1990.

Anne-Marie Granet -
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