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Heureusement le système est en train d’évoluer ! Bien consciente que ses étudiants sont en train de migrer vers des filières plus prometteuses et faciles d’accès, la France a, depuis la rentrée 2017, changé quelques conditions. Les futurs kinésithérapeutes n’ont désormais plus besoin de passer par une prépa extrêmement coûteuse mais par une première année universitaire.  Au lieu des 5000 euros déboursés dans une prépa privée, ils se contenteront simplement de payer les frais universitaires qui sont de l’ordre de 200 euros environ. Un écart considérable ! Ils doivent ainsi désormais choisir entre une première année de PACES (première année commune aux études de santé), en STAPS, ou en STS (Sciences technologies santé) avant d’intégrer une école spécialisée. Et le concours n’existe plus ! À l’issue de cette 1ère année ils seront tous sélectionnés. De plus, en cas d’échec, les passerelles sont plus nombreuses pour se réorienter.

De plus, la Belgique, principal pays d’accueil des étudiants français en médecine, ferme également ses portes dorénavant. Les étudiants sont sélectionnés via un tirage au sort et un examen. Cette décision fait suite à l’afflux trop important de demandes qu’ils ont reçu ces dernières années. La Belgique a ainsi mis en place un quota de 30% de Français en première année et un examen dès l’entrée en 1ère année et non plus entre la 1ère et la 2ème. Cette dernière décision a été écrite dans le décret du 29 mars 2017 adopté par le Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles. Ce décret oblige ainsi les étudiants souhaitant commencer des études de médecine ou d’odontologie à réussir un examen d'admission dès la rentrée académique 2017-2018. Cette réforme supprime ainsi le tirage au sort.

Une bonne chose donc pour nos étudiants français qui auront peut-être plus de chance à l’avenir dans leur propre pays. Quant à la Belgique, l’un des plus gros pays d'accueil, cela sera bénéfique à la formation de leur population avant tout.

La conséquence de cet échec global du système universitaire français est la « fuite des cerveaux » à laquelle on assiste. Les étudiants français partent de plus en plus passer leurs concours et étudier à l’étranger à cause de la difficulté et du coût de l’accès à certains enseignements supérieurs.

En Europe, l’accès aux études supérieures n’est pas vraiment homogène. Les frais de scolarité, le niveau des études et les aides pour les financer, varient en fonction des pays. L’Angleterre accuse par exemple le coût d’études le plus cher avec environ 5000 euros par an en moyenne. Derrière elle on retrouve également l’Italie, l’Espagne ou le Portugal. À l’inverse, en Finlande, en Suède et au Danemark, les études reviennent à 0 euro. Cela s’explique par le fait que dans ces pays il y a un faible taux d’étudiants, ils sont donc dédommagés pour effectuer leurs études gratuitement. La France se situe dans la moyenne européenne avec un coup de 100 à 1000 euros en moyenne. Mais c’étaient sans compter les écoles privées et prépa dites d’« excellence » pour lesquelles les étudiants peuvent débourser très cher et pour lesquelles l’accès est particulièrement compliqué. Le cas le plus marquant reste les étudiants en médecine. Nombreux sont ceux à fuir des études jugées trop sélectives dans notre pays et qui tentent leur chance à l’étranger. Certains choisissent cette option immédiatement quand d’autres ont subi plusieurs échecs déjà avant de passer les frontières. C’est le cas de Guillaume, 25 ans, étudiant en kinésithérapie en Roumanie.

Ø  Rappelle-nous ton parcours scolaire et universitaire avant ton départ en Roumanie.

Mon BAC S en poche, je me suis inscrit en APEMK (Année Préparatoire aux Études de Masso-Kinésithérapie) à Vichy, la prépa au concours de kiné. J'ai passé le concours 2 fois, la première année j'ai fait 209ème et la deuxième année 135ème. Il n'y avait que 68 places pour environ 350 personnes. Après, je me suis inscrit en STAPS et j'ai eu ma licence APAS au bout de 3 ans.

Ø  Pourquoi es-tu parti là-bas ?

Ayant tenté 2 années de suite le concours de kiné en France, je n'avais pas le droit de tenter le concours (au tirage au sort) pour les écoles de kiné en Belgique (c'est devenu interdit pour les personnes ayant tenté le concours 2 fois en France) ni de refaire une année de plus en APEMK. J'ai entendu parler d'une passerelle pour l'école de kiné de Vichy en passant par STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). Je les ai donc appelés quand j'étais en L3 pour connaître les démarches à suivre et ils m'ont expliqué qu'ils avaient tellement de demandes qu'ils étudiaient uniquement les dossiers des personnes ayant un master ou un doctorat.Triste preuve de l’orientation et de l’information pour les étudiants français.

Un jour, j'ai parlé de tout cela à l’un de mes professeurs de STAPS qui m'a dit de partir en Roumanie. Il connaissait des étudiants qui avaient fait ça après leur licence STAPS et cela s'était bien passé. Il m'a mis en contact avec un étudiant qui avait donc choisi cette voie. J'ai aussi rencontré un étudiant en master qui voulait partir comme moi. On est parti tous les deux en juillet rencontrer le troisième contact sur place. Ce dernier a fait une année de prépa pour apprendre le roumain et pour ensuite s'inscrire en fac de sport dont la kinésithérapie est une option. On a donc décidé d'aller dans la même ville : Oradea.

Ø  Parle nous de ton école.

C'est une faculté : la Faculté de géographie, tourisme et sport de l'université d'Oradea. Oradea est complètement à l'Ouest de la Roumanie, à 15 km de la frontière avec la Hongrie. Elle fait partie des meilleures écoles du pays. Il faut savoir aussi qu'en Roumanie on peut faire kiné en passant soit par la Faculté de médecine, soit par la Faculté de sport. J'ai choisi la seconde option, plus en adéquation avec ma licence STAPS.

Ø  Comment marchent les équivalences ?

Mes enseignants me disent que cette année la carte professionnelle européenne permettant de travailler dans toute l'UE une fois diplômé devrait se mettre en place. Ce n’est pas encore le cas et pour l'instant, il faut passer une commission d'équivalence avec un dossier assez chargé. Et les critères sont plus élevés qu'en Roumanie… Pour avoir suffisamment de cours théoriques il faut avoir une Licence plus un Master en Roumanie. Sans compter les 900 heures de stage en plus de celles comprises dans le cursus car il faut 1 400 heures de stage en tout.

Ø  Qu'est-ce que tu dirais à ceux qui sont contre ces études à l'étranger et qui pensent qu'au retour les professionnels sont moins compétents que ceux formés en France ?

Je leur dirais que oui, c'est un problème que tant d'étudiants soient obligés de partir à l'étranger pour faire médecine ou kiné. Beaucoup de régions en France sont en grand manque de kiné. Et je rajouterai que connaissant les clichés qui disent que c'est des études au rabais, on a envie de se documenter, de faire des formations complémentaires et de s'investir au maximum dans les stages pour prouver le contraire. De plus il est tout à fait possible de faire des stages pratiques en France ainsi qu'en Roumanie - ce que je compte faire - ce qui est enrichissant et permet d'avoir différents points de vues sur la kinésithérapie.

Ø  Pour toi, quels ont été les avantages à partir là-bas plutôt que de rester en France ?

En Roumanie la licence suffit aujourd'hui pour travailler en tant que kiné. Aujourd'hui les études de kiné en France sont passées à 5 ans en tout (une année de prépa + 4 ans d'école). À Vichy, une année d'école coûte environ 5000 euros contre 600 euros pour une année universitaire en Roumanie. Il est même possible de ne rien payer et d'avoir des bourses au mérite (une centaine d'euros par mois) si on a fini dans les 8 premiers de la promotion le semestre précédent. Les études coûtent ainsi beaucoup moins chères ! Le gros avantage ? Je vais devenir kiné, chose qui serait presque impossible pour moi aujourd'hui en restant en France.

Ø  Tu comptes y rester ou revenir après ?

Les salaires sont tellement faibles là-bas (environ 500 euros par mois pour un kiné) que ça n'aurait pas d'intérêt que je reste travailler là-bas. Par contre pendant mon Master je compte travailler en tant que kiné en Roumanie pour m’exercer.

Ø  Connais-tu du monde qui a fait comme toi ?

Oui je connais 5 Français, dont mon colocataire, qui ont fait exactement le même parcours sans compter les 2 ans de concours en France et je connais aussi un Italien qui a fait ça mais qui travaille là-bas comme kiné en attendant de savoir dans quel pays il va vraiment s'installer.

Source INSEE.

Nombre d'étudiants français qui partent étudier à l'étranger :

La "fuite des cerveaux"

Source INSEE.

Paradoxalement, la France attire toujours plus d’étudiants étrangers. Selon QS Best Student Cities Rankings, Paris est la 2ème ville préférée des étudiants dans le monde derrière Montréal et devant Londres. Quatre autres villes françaises font partie du top 100 : Lyon, Toulouse, Montpellier et Lille. Concernant Erasmus, 9 étudiants sur 10 seraient satisfaits de leur parcours dans notre pays. C’est le premier pays non-anglophone d’accueil d’étudiants étrangers. Il faut dire que la France est avant tout reconnue pour sa formation d’excellence qui fait encore aujourd’hui défaut à certains de ses habitants, mais qui est un plus pour ceux venant de l’extérieur. On peut expliquer ceci grâce aux industries de pointe, aux entreprises leaders et à des formations d’excellence. De plus, la langue française, 5ème langue la plus parlée au monde, est en passe de progresser. La langue de Molière est déjà enseignée dans 32 États à travers le monde, c’est la 2ème langue la plus apprise, 2ème dans la plupart des organisations internationales, 2ème dans l'information internationale dans les médias, 3ème langue des affaires et 4ème jargon sur Internet. Malgré les départs de nos futurs "cerveaux", il est ainsi évident que nous sommes dans une nation d'excellence qui attire de part les nombreuses richesses qu'elle a à offrir !

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