Enseignement supérieur : La France mauvaise élève ?
Mauvaise orientation, surpopulation des amphithéâtres, abandon des études... Le gap entre étudiants et les établissements du troisième cycle ne cesse de se creuser. Une situation que l'Etat semble avoir pris très au sérieux en ce début d’année. Retour sur la nouvelle réforme de l’enseignement supérieur portée par le gouvernement.
Réforme 2018 de l'enseignement supérieur : L'année de tous les défis
Approuvé le 13 décembre dernier dans l’hémicycle de l'Assemblée nationale par 361 voix pour et 129 contres, le nouveau "Plan Etudiant" de la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, se veut porteur de réponses à un bon nombre de problématiques dont notamment l’abolition du tirage au sort pour intégrer une première année de licence en point de mire. Secret de polichinelle bien gardé par certaines universités, clairement assumé par d'autres, le tirage au sort à l'entrée des facs tire aujourd’hui à sa fin. Chaque établissement universitaire traitera désormais la demande d'inscription de manière personnalisée, selon les compétences requises pour être admis dans la filière souhaitée. Le texte stipule en effet que le troisième cycle soit ouvert à tous les titulaires du baccalauréat et qu'en l'absence de places disponibles, conséquence d’un trop grand nombre de candidatures, le recteur se prononce "au regard de la cohérence entre, d'une part, le projet de formation du candidat, les acquis de sa formation et ses compétences, et d'autre part, selon les caractéristiques de la formation". Les solutions de secours seront alors multiples, comme en témoigne la ministre : "Certains arrivent sans avoir le bagage nécessaire pour réussir. Un accompagnement pédagogique leur sera donc proposé, avec des stages de rattrapage l'été, des modules supplémentaires à côté de leurs cours, ou encore un semestre entier de remise à niveau. Une année propédeutique pour mûrir leur orientation pourra même être envisageable. Nous personnalisons les parcours." Aux grands maux les grands remèdes, l’Etat semble donc plus que jamais concerné sur les questions d’orientation après avoir accumulé un retard considérable par rapport à ses voisins européens.
Des lycées sous tension
Du côté des lycées, le texte met quant à lui l'accent sur trois nouvelles directives, préconisant 2 professeurs principaux par élève, des semaines consacrées à l'orientation avec des journées d'insertion dans les facultés et enfin la création d'avis sur les vœux d'orientation des bacheliers lors des conseils de classe, qui pèseront grandement auprès des établissements de l'enseignement supérieur. Des mesures novatrices qui peinent pourtant à être approuvées par l'ensemble des établissement du second degré, à l'exemple de Monique Buffière, CPE du lycée Ismaël Dauphin dans le 84 : ”Ça va presque trop vite en besogne. Nous sommes déjà en pleine réforme du baccalauréat avec les filières L, ES et S qui vont être repensées, le passage de trimestre en semestre et l'accompagnement plus spécifique des élèves en difficulté, alors devoir en plus s'occuper de la réforme de l'enseignement supérieur, je ne vois pas comment nous allons pouvoir tenir les délais et tous respecter".
Parcoursup
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Un changement au niveau dès lycée qui s'accompagne également d'une nouvelle plateforme d'inscription dans l'enseignement supérieur dans l'objectif de contrer le tirage au sort. ”Une première étape”, selon la ministre qui rappelle que ”nous avons aussi repensé les outils de communication entre lycées et universités, en introduisant de l'humain”. Cette plateforme, baptisée Parcoursup, en lieu et place d'APB (admission post-bac) et effective depuis le 15 janvier dernier, va permettre aux lycéens d'inscrire désormais dix vœux maximum, avant de recevoir les réponses au fil de l'eau, à partir de mai. Un camouflet pour Ludovic Bernard, responsable de la Maison de l’Orientation et de l'information d'Avignon, "APB n'était pas le problème. Il y a surtout eu une hausse de la démographie mal anticipée par l'état avec près de 40 000 bacheliers inscrits cette année en plus sur l'ancienne plateforme. Par ailleurs avec seulement 10 vœux, un élève moyen, sans affection après avoir demandé dès filières très demandées avec peu de place, va se voir proposer un parcours en inadéquation avec ses motivations par un recteur qui sera dans l'obligation de lui trouver un poste, quitte à combler d'autres filières vides". Enfin à noter qu'outre ces mesures sur l’accès à l’université, le gouvernement entend également supprimer le régime de Sécurité sociale étudiante et sa cotisation de 217 euros. Les frais de scolarité d’un élève de licence passeront donc de 406 à 388 euros et les étudiants seront affilié au régime social général. Le gouvernement a également promis la construction de 60 000 logements étudiants et de verser les bourses au plus tard le cinq du mois.
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Premier contact entre une bachelière et parcoursup.
Source : Libération